J’ai déjà eu l’occasion de pointer des illusions intellectuelles diffusées dans les formations. Mais là, j’insiste sur ces erreurs dogmatiques :
- la courbe du deuil, d’Elysabeth Kubler-Ross
- la pyramide des besoins d’Abraham Maslow
- le triangle dramatique de Stephen Karpman
Pour chacun de ces modèles, des explications plus fumeuses les unes que les autres sont avancées pour les justifier. J’ai moi-même contribué à les véhiculer. Je n’imaginais pas qu’on m’instruisait d’idées fausses. Les plus prudents de mes enseignants et formateurs insistaient sur le caractère “mou” des prétendues sciences des comportements.
Au titre de l’incertitude, on tend à justifier le flou et le brouillard qui servent d’arguments. La rationalité ne pourrait être le moyen de traiter les informations, il faudrait du feeling et de l’intuition et de “l’ouverture d’esprit”. Toute contestation fondée sur le raisonnement est recalée au nom de cette sacrosainte “ouverture d’esprit”. Mais il n’empêche qu’au nom de ces représentations, on tire des leçons qui fondent des décisions, voire des pratiques relationnelles de management. En fait, il ne s’agit que de croyances. Rien de méthodique là dedans, rien de scientifique, que de l’élucubration bénéficiant de la bienveillance de nombreux professeurs et enseignants n’ayant jamais pris la peine de vérifier la moindre des affirmations.
Première mystification
La courbe du deuil d’Elysabeth Kubler-Ross par exemple, appliquée au situation de changement, on développe un raisonnement sophistique de type : si vous résistez au changement mis en place, ne vous étonnez pas de sombrer dans les affres de la dépression, puisque c’est dans la logique de la courbe du deuil appliquée au changement. Tout aussi invraisemblable qu’invérifiable. En réfléchissant un tant soit peu, on comprend l’absence de vraisemblance du cycle inventé par E. Kubler-Ross. Le mal-fondé de la transposition dans les situations de changements est encore plus flagrant. Selon la théorie, le changement engagé serait de même nature qu’une mort médicalement annoncée, toute résistance serait vaine et témoignerait d’un manque de réalisme. Le prétendu outil est ainsi utilisé à des fins manipulatrices, souvent à l’insu même de celui qui l’utilise.
Deuxième mystification
La pyramide de Maslow est une représentation de type confessionnel des besoins et désirs des personnes. Les besoins ne sont pas ressentis selon la même logique par les personnes, ils peuvent mêmes être très différents. Cette pyramide est un trompe oeil de l’intelligence, c’est du même ordre d’idée que de vouloir étudier l’astronomie en insistant sur l’observation du coucher et du lever de soleil pour crédibiliser le géocentrisme. Cette conception est typiquement idéologique, et dans un contexte politique et économique précis. C’est un cliché d’époque. Elle ne vaut plus rien maintenant, même aux USA.
Le triangle de Karpman ? Un modèle qui a de quoi faire jaser dans le monde des risques psycho-sociaux où l’incompétence monte avec conviction sur les chaires universitaires, dans les grandes écoles du management et se diffusent à coup d’études publiées par les associations du travail où l’on ne vérifie rien de tout cela avant de le propager. Voici donc véhiculée l’idée des relations triangulaires. Elles seraient liées à des rôles distribués entre persécuteur, victime et sauveur. Les rôles s’alternent selon un principe très opportun pour le théoricien de cette représentation somme toute très foireuse, mais qui plait à ceux qui s’imaginent en capacité de faire de la lecture de pensée et d’intention. La critique que j’en ai faite à partir du film “Oui, mais’ est amplement suffisante.[/vc_column_text]
L’habitude dans les croyances et d’exiger une démonstration probante de leur invraisemblance. Mais c’est l’inverse qui doit être réalisé : prouver la vraisemblance, en acceptant l’approche critique, dénuée de concessions, pour l’examen des assertions avancées. Et, comme je l’ai déjà proposé, ne pas tomber dans le piège de la confusion entre « vérité » et « réalité ».[/vc_column_text]